vendredi 31 mai 2013

Vachétarien

La carotte a toujours été considérée comme un légume. Mais comme suite à l'entrée dans la Communauté Economique Européenne du Portugal en 1986, et pour que celui-ci puisse vendre sa confiture de carotte, spécialité locale, la Communauté a dû officiellement faire de la carotte un fruit, car il était impossible d'appeler confiture un aliment confectionné à partir de légumes. Ainsi, grâce à la verve législative des gens superbement salariés avec ton argent assis à Bruxelles (et à Strasbourg, mais pas en même temps car tous ne sont pas encore télépathes, euh non, ubiquistes), la taxonomie progresse dans le sens de l'avenir du futur. Aujourd'hui, la carotte est un fruit - demain, le mariage avec ton slip. C'est bien. Notre amour de la prolifération de règlements aussi beaux est inextinguible : que la toute-puissance églislative continue de bénir nos âmes tâtonnantes en les scintillant de sa foi téléscopique.
Mais pesons le poids de cette décision en particulier, car nos anges gardiens ont transmuté la carotte en fruit, et comme nous allons le constater, cela n'est pas sans conséquence notable grâce à l'effet pape-ion bien connu. Certains risquent même d'être surpris, et d'autres aussi. Rappel : la carotte est désormais un fruit pour ne pas perturber la définition de confiture, la confiture de carotte peut ainsi continuer d'exister. Jusqu'ici, tout le monde comprend. Il s'agit d'un acte créationniste de bon aloi comme il en existe de nombreux autres.
(ATTENTION) L'emboîtement des effets de causes demande désormais de considérer le cas de la confiture de lait. Si la confiture est obligatoirement une préparation à base de fruits tel que l'enseigne la loi de la carotte, alors le lait est un fruit, puisque la confiture de lait existe. Relisons ce paragraphe un petit peu ardu à haute voix afin de bien asseoir notre réflexion : si la confiture est obligatoirement une préparation à base de fruits tel que l'enseigne la loi de la carotte, alors le lait est un fruit, puisque la confiture de lait existe. Grâce aux italiques, l'on distingue bien les mots importants sur lesquels il convient de se concentrer. Le lait est un fruit.
Oui, le lait est un fruit. Ceci étant établi, nous pouvons maintenant passer au dénouement de cette saga booléenne dont les députés européens peuvent être bien fiers : si le lait est un fruit, alors la vache est un arbre. Zénon d'Élée s'en mordrait le zizi de jalousie de n'avoir considéré cela le premier.
En tant que telle, cette révélation est une illumination libératrice pour plusieurs personnes. Oui, on peut désormais manger un steak (morceau de vache) la conscience toute apaisée puisque la vache (source de steak) est, en tant qu'arbre, cousine de la courgette - voire de la carotte, afin de boucler la boucle en un salto élégant. La vache est un arbre, or personne ne dit rien lorsque l'on mange un platane. Alors une avalanche de sérénité nous submerge. Désormais nous mangeons des vaches sans risquer la foudre de Brigitte Bardot. La vache, c'est permis. La quiétude éthique du steak d'arbre est un bienfait inestimable. Et ceci simplement grâce au travail consciencieux d'une poignée de députés dévoués et citoyens. Citoyen vachétarien, à ton barbe-cul !




PS : puisque la vache est un arbre, le veau est un petit arbre. On peut donc enculer des veaux sans risquer de condamnation pour zoophilie, puisqu'il n'est pas illégal de s'enfiler des courgettes, de plus Paco Rabane-le Réincarné copule des terres en toute impunité.