La rédaction congratule l'ensemble des primates ayant contribué à rendre 2013 aussi riche en développements intellectuels, tels que Tom Cruise ou Marion Cotillard, et très particulièrement notre colonel de la kültür Klaustophe Barbië de retour de son voyage d'étude en Corée du Nord :
N'oublions pas pour 2014 : la modération a bien meilleur goût ! Dans 4 ans, c'est Blade Runner !
L'homme descend bel et bien du singe en ligne directe, parfois sans même passer par la case Cro-Magnon/faire du feu/s'essuyer le cul comme le prouvent ces deux reportages en milieu naturel que nous livrent plusieurs anthropologues aguerris avec 492 ans d'avance :
Heureusement, certaines ramifications ténues de l'arbre évolutif de l'espèce permettent de garder espoir :
Tu pensais qu'après Pauvre Richard, cet antifilm olympique de niveau 38 x 29 x 31, tu avais atteint le nadir absolu du super-caca, et que tu allais devoir te faire greffer un nouveau système limbique (de pigeon, pour plus de sécurité). Et bien sache-le, le progrès n'arrête jamais sa course folle vers l'avenir et tu peux faire aussi bien, sinon mieux, avec cette abomination "Je suis fan du Standard" que même un projet de fin de trimestre de secondaire pour délinquants analphabètes (pléonasme orthodoxe) n'aurait osé proposer à un visionnement public :
En résumé : c'est hypra-nullissime de A à ß. "Scénario", "dialogues", "comédiens", tout est
Heureusement, en rattrapage, notre bonne humeur sera rapidement regonflée grâce aux requins fantômes. Merci l'inépuisable industrie du film de requins! Sans toi, nous ne serions plus que des choses blasées !
La neige immacule le panorama de sa blancheur puéricultrice. Les flocons grassouillets se posent par milliards avec la majesté d'une invasion extra-terrestre gagnée d'avance. Les pelles s'activent âprement autour des véhicules sertis. Les cabas cahotent et patinent. Les quadrupèdes de compagnie et les gens pressés confirment jaunement leur passage. Toute cette activité un petit peu énervante confirme ce que tu supputes : ton bien-être sera agrandi si tu restes à l'intérieur de ton domicile personnel. Tu manges quelque chose de gras pour confirmer cela, puis tu procèdes avec concupiscence à la sélection de ton divertissement de loisir. Comme on ne peut pas non plus se prendre la tête tout le temps, il faut bien décompresser, tu n'as qu'un choix, c'est de regarder un film de cinéma bien moelleux. Tu fouilles tes pixels et tu te dis alors, tiens, La grande Boucle, pourquoi pas :
Astérix aime faire du vélo (NDLR: il s'agit d'un précédent Astérix très mauvais, pas le tout dernier, qui est très mauvais, d'où son nom de scène : Chiassetérix). Mais il est marié avec une vigoureuse femelle de l'espèce du Chiantosaure Gnagnagnasorus, bien connue de tout film francophone, et son fils écoute du rap en raillant ses pieds, et en plus ils partent en vacances sans lui. Astérix est donc triste et se change les idées en faisant le tour de France, aidé par les Deschiens et un Belge. Le favori du tour de France est méchant, mais finalement pas tant que ça. Son chef est riche et donc très méchant, heureusement qu'il va en prison à la fin cet enculé. Il y a des péripéties d'argent, ce sale argent des enculés de riches, de drogue de tricheur mais en fait non car tricher c'est pas bien, et des retrouvailles père-fils. La femme chiante voit Astérix à la télé et l'embrasse dans la réconciliation. Et voilà. D'accord, ce film ne contient ni Sophie Marceau, ni Tom Cruise, ni pixels de robots, ni costumes avec des capes, mais cela ne suffit pas à le hisser hors de la fosse septique qui est et restera à tout jamais son écosystème. Cette flaque de chiasse pourrie fait saigner les gencives avec la force de The Internshit, mais en français. En outtrention : le taux de glucose de tout spectateur est sujet à explosion à n'importe quel moment. Non recommandé aux personnes de moins de 983 kg.
Cela t'inspire une interrogation profonde : est-il possible de trouver pire en moins de 12 minutes ? C'est un défi. Tu explores avec ferveur les abysses à caca avec la motivation énergique d'y dénicher le vainqueur absolu, le roi de la merde liquide, le dieu du méthane pourri, l'Étron Suprême, et ce en 12 minutes ou moins. Et quand tu tombes sur Pauvre Richard à la neuvième minute, tu sais que tu touches au but et qu'enfin, la lumière éblouira la conscience de tous et de chacun :
Cela se passe dans un quartier de pauvres unis par l'amitié et la coopération. Mais la soeur d'Alain Soral est banquière et donc c'est une vraie salope de pute. Pendant ce temps, l'ami nord-africain de Richard a gagné au loto, mais les autres pauvres croient que c'est Richard. Alors tous les pauvres lui demandent de l'argent, parce que même si les riches sont des enculés, il vaut mieux être un enculé de riche qu'un pauvre pauvre. Mais Richard n'a pas d'argent, alors il ne peut pas en donner aux autres pauvres, qui finissent par le prendre pour un enculé. Des gags de quiproquos s'ensuivent, animés par des grimaces drôles et des situations burlesques avec de la prise d'otage. Smaïn donne des conseils et trouve lui aussi que l'argent, c'est nul. Il y a aussi de la tendresse avec des gros mots par dessus pour faire décalé, tu 'ois. Finalement l'ami de Richard lui donne un gros chèque dans le partage de l'amitié mais Richard le déchire en ricanant car tout le monde sait que l'argent ne fait pas le bonheur et que l'argent n'achète par le plus important, à savoir les sentiments, en plus, alors.
Bon.
Après analyses de nos laboratoires, études de nos autres laboratoires et concertation profonde, la consécration ne peut plus être repoussée : Pauvre Richard est bel et bien le Graal de la diarrhée complète. D'accord, le "scénario" est déjà d'une nullité remarquable, mais sans l'aide des acteurs, du metteur en scène et du monteur, un tel succès n'aurait été possible du tout. Seuls les films de requins faits dans Paint peuvent espérer rivaliser avec Pauvre Richard. Mais Pauvre Richard les supplante grâce à la portée de son message et à la profondeur de son exploration des relations humaines sous l'angle de la comédie fraternelle, alors que les films de requins ne sont que des "films d'action". Les acteurs dans Pauvre Richard sont tous de la trempe olympique de Jurassic Shark et même Jodie Foster aurait du mal à atteindre ce niveau, même avec cette mise en scène de type coulis de maïs; le scripte ferait pleurer un petit éboueur et le montage est une ode aux assiette-souvenirs du Grau-Du-Roi avec des coquillages. L'ensemble du personnel est félicité pour le sérieux de sa création : dégueulage à tous les étages, vomissures à toutes les encoignures.
Alors c'est aux risques et périls de ta bonté que tu sacrifieras des électrons innocents au visionnement de Pauvre Richard. N'oublie pas que les électrons sont la forme élémentaire de la conscience et de la sensibilité, tu ne peux pas leur faire ça, espèce d'ordure insensible. Non, ne les fais pas passer dans Pauvre Richard, sois un homme.
Mais dorénavant, après deux comédies françaises intimistes et chaleureuses, il est temps de retrouver les batailles de fusils et les hommes bourrus, aussi c'est l'heure de Riddick :
Vincent Gas-oil fait du camping sur une planète pourrie en plein réchauffement planétaire avec des cailloux secs et des bêtes. Il est un peu con d'avoir choisi cet endroit, mais maintenant qu'il est là, autant en profiter. Alors il adopte un chien et ils mangent tous deux des poissons. Lors d'une promenade ils tombent sur d'autres campeurs venus en fusées. Comme il va bientôt pleuvoir, Vincent Gas-oil leur demande de lui prêter une fusée pour rentrer et eux ils rentrent dans l'autre. Mais les campeurs ne veulent pas et ça finit en bataille. Il y a un méchant qui veut mettre la tête de Vincent dans une boîte, mais c'est lui qui se fait niquer d'une manière que même Michel Platini aurait ratée. Des monstres attaquent alors tout le monde s'en va.
Il est vrai que ce film est peu citoyen, il n'aborde pas des sujets intéressants comme : la société de consommation détruit les ressources, les musulmans sont tous des terroristes et les riches sont des enculés. Pire, il ne possède rien pour évoquer l'amour de la justice et le respect homme-femme. À un moment, on a peur d'une attaque de guimauve avec la prisonnière libérée, mais non, elle meurt au bout d'une minute. Ici, il ne s'agit que d'une longue bataille avec des monstres plutôt chouettes et un robot-oeil, et des coups de poings, mais sans putains de prises de karaté à la Matrix. Et sans Morgan Freeman, Tom Hanks ou Jason Statham. Il n'y a pas non plus de révélation ultime, ni de couronnement de princesse ou de retour de l'élu, même pas de petit vieux qui dit une sagesse de philosophie ni le moindre entraînement de guerrier qui se concentre tout fort. C'est bien. Enfin une bonne grosse chose qui fait pong. Pong.
Cependant, tout cela ne doit pas nous détourner des vrais artistes, des créateurs de savoir, des génies de la Compréhension. Écoutons maintenant Jéronce Monsuinve eschatologiser avec le brio dont seuls les immenses comme Pablo Picasso et Daniel Cohn-Bendit peuvent se targuer :